Pour cerner le caractère de Titus en un clin d’oeil, il suffit de pinté du doigt un seul mot : ego. Avec lui les choses sont très simples, on le loue ou on passe très vite son chemin. Le jeune Butcher ne se prend pas pour de la merde, ça, l’on peut en être sûr. Issu d’une grande lignée de sang-pur, il se considère comme supérieur à la moyenne des sorciers et ne se fait pas prier pour le faire valoir et savoir. A ses yeux, les sorciers sont l’élite du monde et il fait partie des hautes sphères de cette société. Alors pourquoi jouerait-il les modestes ? Sachant cela, il est assez facile de comprendre le jeune homme, car tous ses traits de caractère servent cette idée presque obsessionnelle de prééminence.
Le jeune Butcher est une personne hautaine et orgueilleuse qui traite facilement les autres avec une condescendance dédaigneuse qui lui vaut une médiocre réputation au sein des autres maisons. Il ne fera un effort pour se montrer plaisant que s’il est sûr de pouvoir en tirer profit. Calculateur dites-vous ? Oh si peu... Fin manipulateur, Titus sait toujours trouver les mots qu’il faut, au bon moment, pour acculer ou, au contraire, mettre en confiance son interlocuteur. Ajoutez à cela un soupçon de sournoiserie, un brin de ruse et une gueule d’ange et vous obtenez un délicieux cocktail d’intrigues en perspective.
Personnage assez détestable me direz-vous et vous n’aurez pas tord. Cependant, et ce malgré les apparences, tout n’est pas noir chez ce garçon. D’un naturel calme et patient, il fait face aux épreuves de la vie avec une étonnante maîtrise de soi pour son âge. Le mettre en colère est tâche malaisée. Heureusement d’ailleurs, car ses colères sont terribles et sans mesures. Non dépourvu d’un certain charisme, il est un élève apprécié et respecté dans sa maison au sein de laquelle il montre un visage plus engageant et avenant. Ami fidèle, il a un côté très protecteur envers ceux qu’il aime et gare à celui qui oserait les toucher.

Oh ! Une dernière chose, j’oubliais.
Titus recherche plus que tout le pouvoir et la gloire et il est capable du meilleur, mais surtout du pire, pour parvenir à ses fins. La vie est impitoyable en cette époque troublée, c’est vrai, et il espère l’être tout autant en faisant son possible pour que les autres trinquent à sa place en servant ses desseins.

« Le Moyen-Age…époque troublée de l’histoire humaine gangréné par les guerres, mais aussi, âge sombre pour des sorciers persécutés par de pauvres muggles terrifiés par ce qu’ils ne pouvaient comprendre. Le peuple, sombrant peu à peu dans la peur que le christianisme, désireux d’étendre son influence faisait naître en ces êtres serviles et ignorant que la magie terrorisait, se livrait aux pires atrocités condamnant sorcières et sorciers à des morts atroces par le feu et les tortures.
Triste contexte, et pourtant c’est bien là que notre histoire s’ébauche, dans ces premières années de peurs, ces années qui verront bientôt naître le plus fabuleux concept que le monde magique ait connu à ce jour. »


Ayant écrit ces quelques mots, le vieil homme e laissa aller contre le dossier de sa chaise, passant distraitement le bout de la plume sur ses lèvres. Voilà déjà plusieurs années qu’il avait décidé de mettre ses mémoires par écrit, mais ce fut ce soir là, ayant passé toute la journée en compagnie de son petit-fils qu’il s’était réellement résolu à le faire. Un mince sourire passa sur les traits ridés de l’homme en repensant à cette enfant énergique et rieur. Il avait tant à lui apprendre et il espérait un jour pouvoir lui remettre le manuscrit retraçant sa vie si particulière et celle des gens incroyables qu’il avait eu la chance de rencontrer. Durant ces longues années de vie, le vieux sorcier avait connu et vécu nombres de bouleversements majeurs du monde magique. Il voulait laisser une trace écrite de ce temps maintenant révolu et ce soir, il avait décidé d’en décrire les prémices.
Un flot d’images défilait dans l’esprit encore épargné par la brume de l’âge. Sa jeunesse, Hogwarts, Slytherin et ses premiers cours passaient en boucle devant ses yeux. Que d’aventures il avait vécu perdu dans la fougue de la jeunesse, allait-il réellement pouvoir en faire un récit digne de ce nom ? Bah, il n’avait pas tyrannisé multitudes de percepteur dans son enfance pour avoir maintenant peur de ne pas être à la hauteur. Il avait eu la chance d’apprendre à écrire, il n’allait donc pas laisser un scribe se glisser dans les méandres de ses souvenirs par pur paresse.
Prenant son courage à deux mains, le vieillard goûta au vin acre et rugueux dont il pouvait difficilement se passer et, se penchant à nouveau sur son bureau, se remit à l’ouvrage.


« Débutons cependant par le commencement. Je me nomme Titus Edward Philip Butcher, 9ème seigneur du West Lothian. Je suis né le 26 août de l’an 995 dans la campagne bordant Edimbourg. Venant de la petite noblesse, ma famille n’était sans doute pas assez prestigieuse pour que l’on remarque son absence à la cour du roi d’Ecosse de l’époque, Constantin III. Heureusement d’ailleurs, car mon père aurait certainement très mal supporté la compagnie de tant de muggles. Il faut dire que les Butcher n’ont jamais porté ces gens là dans leurs cœurs. Comment des êtres aussi insignifiants et faibles pouvaient-ils avoir le moindre intérêt à leurs yeux ?
Un peu isolé au fin fond de notre propriété, ma famille vivait bien au dessus des moyens qu’aurait du avoir un petit baron de province. Mon père avait de nombreuses relations dans le monde des sorciers et l’argent coulait à flot. Les visiteurs n’étaient pas rares et les fêtes monnaies courantes. Ma sœur et moi grandîmes ainsi, dans le luxe et l’isolement, à l’abri des regards indiscrets et des muggles que nous avions appris à mépriser. Nous ne connaissions que des sorciers, des sang-purs comme nous et les quelques valets muggles que nous avions à notre service. Ceux-ci avaient appris dans la douleur à tenir leur langue. On ne comptait plus le nombre de serviteurs « disparus » et les rumeurs allaient bon train sans pour autant franchir les limites du domaine. Ils avaient trop peur de finir dans un fossé pour oser prononcer le mot « magie » à l’encontre de leur maître.

Etant l’aîné et qui plus est le fils de la famille, l’on me confia vite à un percepteur sorcier de notre connaissance. Celui-ci m’appris à lire, peu à peu à écrire et à connaître le monde qui nous entourait. Je fis très vite la fierté de mes parents, maîtrisant les mots, l’escrime, l’équitation et le pouvoir qui naissait doucement en moi. J’avais tout pour être heureux et pédant à l’époque. Je sondais mes pouvoirs, recherchant leurs limites et tentant de les repousser chaque jour. Mes minces progrès, bien qu’applaudit et louer par les miens ne me suffisait pas. J’en voulais plus, bien plus. Je voulais devenir fort, puissant…faire plier les autres devant moi et me forger un avenir glorieux.
J’avais entendu dire par un ami de mon père qu’une école prenait forme non loin d’ici, au nord de l’Ecosse et je voyais dans cette nouvelle un moyen de parvenir à mes fins. Les plus grands sorciers de l’époque allaient rassembler autour d’eux la jeunesse magique et leur léguer leurs connaissances, il fallait que j’en sois. J’en parlai donc à mon père qui, après avoir rencontré quelques personnes renseignées, me donna son accord. Voilà…j’allais être le premier Butcher à suivre les cours de sorcellerie distillés par les plus grands du siècle. J’étais fier, heureux et impatient de faire mes preuves, de prouver au monde qui était Titus Butcher.
Je venais d’avoir 14 ans lorsque j’entrepris mon voyage jusqu’à Hogwarts. Je me souviens encore de cette nuit magique durant laquelle je découvris l’école pour la première fois.

La douce lumière argentée de la Lune se reflétait dans les eaux calmes et profondes du Lac de Hogwarts. Dans le ciel découvert, les étoiles brillaient, accompagnant de leurs lumières éclatantes le disque d’argent dans la nuit.
Mon père m’accompagnait et je pus voir ses yeux s’illuminer lorsque nous passâmes le porche d’entrée. Je n’avais que 14 ans et je le savais heureux pour moi, mais je savais également qu’une certaine jalousie naissait en lui. Comme son père avant lui et tous nos ancêtres, il avait du apprendre seul et n’avait pu exploiter son plein potentiel. Il me voyait aujourd’hui entré dans une école qu’il n’avait pas connu et qui allait faire de ma génération et des suivantes de plus grands sorciers que lui.
Une petite foule nous entourait maintenant, et je aperçu quelques visages connus alors que mon père me forçait à se tourner vers lui. Ces mots, je les ai gardé en moi toutes ces années durant et les ai transmis à mon fils qui, je l’espère, les fera suivre au sien.

Fais honneur à ta famille mon fils et ne laisse jamais personne se dresser sur ton chemin. Tu es un Butcher, et tu dois en être fier et revendiquer le fait d’être un membre à part entière de l’élite de ce monde, ne l’oublie jamais. La valeur du sang est la seule qui compte vraiment.

Ayant dit cela, il me laissa dans le hall, ne m’adressant ni sourire ni adieu en s’enfonçant dans la nuit. Cela me laissa de marbre. Je n’avais jamais été habitué aux élans d’affections de la part de mes parents, et à vrai dire cela ne me manquait pas vraiment, faiblesse que tout cela. L’affection se gagne par le mérite et ne se dévoile pas par pudeur, voilà ce qu’on m’avait appris. Je me détournai finalement, et me mêlai aux autres élèves. Nous attendîmes quelques instants avant de faire notre entrée dans une salle immense qui grouillait déjà de monde. Quatre tables y étaient dressées et, malgré toute l’arrogance dont j’était capable déjà à l’époque, je senti le rouge me monter aux joues en sentant le regard des élèves plus âgés se poser sur nous. Je me reprît bien vite cependant et retrouvai un air plus grave alors qu’on nous demandait d’attendre face à un chapeau qui de toute évidence devait nous répartir dans l’une des maisons de l‘école.
On m’en avait vaguement parlé et je savais déjà laquelle m’aiderait à atteindre mes objectifs. Il y avait Rawenclaw, Hufflepuff, Gryffindor et bien sûr Slytherin. Je jetai un coup d’œil au fondateur de cette dernière maison qui siégeait avec les autres sur une estrade et un sourire passa sur mes lèvres. Je n’étais pas encore dans sa maison, mais je savais que j’allais non seulment faire la fierté de mes parents, mais de ce grand sorcier également.
Ce fût sans grande surprise qu’ayant endossé l’étrange chapeau parlant on m’envoya chez les Vert-Argents. Une seconde maison qui m’apporterait dans l’avenir tout ce dont j’avais rêvé. »


Déposant la plume, le vieil homme referma le livre et se leva en grimaçant. Il avait passé la nuit penché sur les pages vierges, prenant soin de les recouvrir de sa plus belle écriture. Seuls les quelques rayons de soleil qui filtraient à travers les lourdes tentures laissait deviner l’aurore naissante. Il venait de conter 14 ans de sa vie, mais le meilleur restait à venir. Affichant un sourire narquois, il éteignît les bougies d’un coup de baguette et sortît de la pièce où stagnaient encore les brides d’un glorieux passé…